Ils donnent
alors congé à leur locataire, mais celui-ci se maintient dans les
lieux et ils sont obligés d'engager une procédure judiciaire d'expulsion.
Le concours de la force
publique n'est pas accordé immédiatement et l'appartement reste occupé
pendant trois ans. Faute de pouvoir récupérer l'appartement, M et
Mme S. sont obligés de louer à chacun de leurs enfants un studio à
Paris, puis pour l'un d'eux en province, afin de diminuer cette charge
financière.
Ils présentent au Préfet responsable du refus de concours un recours
indemnitaire au titre de la privation de jouissance de leur bien,
des frais de loyers payés pour loger leurs enfants, des frais de procédure
et du préjudice moral. Leur demande est rejetée et ils saisissent
le tribunal administratif en mai 2004.
Ils demandent que l'Etat
soit condamné à leur verser :
une indemnité au titre des loyers payés pour loger leurs enfants
une indemnité au titre du loyer qu'ils auraient pu obtenir en relouant
plus cher l'appartement occupé
une indemnité au titre des frais de transports de l'enfant " exilé
" en province
une indemnité au titre de la privation de jouissance
2.000 € au titre de l'article L 761-1 du code de justice administrative.
Le jugement est rendu en juin 2006, soit deux ans après, et M et Mme
S. voient leurs demandes rejetées :
les
dépenses engagées pour loger leurs enfants et les frais de transports
ne sont pas des préjudices directs imputables au refus de concours,
d'ailleurs M et Mme S. n'ayant pas l'intention de relouer mais de
loger leurs enfants, le refus de la force publique ne les a pas privés
de revenus locatifs
la
perte d'un loyer plus élevé si l'appartement avait pu être reloué
plus cher constitue un préjudice éventuel.
mais sont alloués
:
3.000
€ au titre de la privation de jouissance et de l'impossibilité d'en
disposer
500
€ au titre de l'article L 761-1 du code de justice administrative
Commentaire : le
rejet du loyer de remplacement et des frais de transports était prévisible,
car c'est une jurisprudence bien établie. Par contre, la somme allouée
au titre de la privation de jouissance est au dessus de la norme.
Le juge administratif a t-il voulu " compenser " et sanctionner l'administration
?